Inicio | Editor | Contáctenos 
 
Webarticulistas
Manuel Malaver
Eli Bravo
Luis  DE LION
Roberto Palmitesta
Lucy Gómez
Alexis Márquez Rodríguez
Ted Córdova-Claure
Antonio Sánchez García
Aníbal Romero
Charles Cholaleesa
 
 
 
 
 
 
 
 

 

referencement

 


 
 

Discours du Premier ministre Tony Blair au Parlement européen
23 juin 2005

 
C'est un honneur pour moi d'être reçu au Parlement européen aujourd'hui. Avec votre permission, je viendrai vous rendre compte de l'action de la présidence britannique après chaque Conseil européen. Je consulterai en outre le Parlement avant le Conseil afin de pouvoir recueillir ses vues.

Ce discours tombe à point nommé. Quelles que soient les divergences par ailleurs, tout le monde est d'accord au moins sur un point : l'Union européenne est en plein cour d'une crise profonde. Aujourd'hui, je voudrais vous parler sans détour de l'analyse que j'en fais, de ses causes et des moyens d'en sortir. Les crises ont toujours du bon. Celle-ci peut être bénéfique pour l'Europe si nous avons le courage de nous en saisir.

Le débat ne doit pas être un mélange d'insultes et de questions de personnes. Ce doit être un échange d'idées ouvert et franc, et je commencerai par vous dire clairement comment je le définis et ce que je pense du désaccord qui le provoque.

Il ne s'agit pas de trancher entre l'Europe du « libre marché » et l'Europe sociale, entre ceux qui veulent en revenir à un marché commun et ceux qui croient en un projet politique. Ce n'est pas seulement une présentation déformée. C'est une façon d'intimider ceux qui veulent le changement en baptisant trahison de l'idéal européen leur désir de réforme, et d'essayer d'étouffer tout débat sérieux sur l'avenir en prétendant qu'insister pour en débattre, c'est souscrire à l'anti-Europe.

C'est un état d'esprit contre lequel je me suis battu toute ma vie politique. Les idéaux ne survivent que s'ils changent. Il meurent de l'inertie face aux difficultés.

Je suis passionnément pro-européen. Je l'ai toujours été. La première fois que j'ai voté, c'était en 1975, pour le référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Europe, et j'ai voté « oui ». En 1983, j'étais le dernier candidat sélectionné aux primaires, peu de temps avant les élections législatives. Lorsque mon parti s'est prononcé pour le retrait de la Grande-Bretagne de l'Europe, j'ai exprimé mon désaccord avec cette ligne de conduite. Certains ont cru que j'allais perdre les primaires. D'autres aujourd'hui voudraient bien que je les ai perdues. Finalement, j'ai travaillé à changer cette orientation politique dans les années 1980, et je suis fier de l'avoir fait.

Depuis que je suis Premier ministre, j'ai signé le chapitre social ; j'ai mis en place, avec la France, une politique de défense moderne pour l'Europe ; j'ai pris ma part à l'élaboration des traités d'Amsterdam et de Nice, puis aux travaux de Rome.

Nous avons affaire à une union de valeurs et de solidarité entre les nations et les peuples. Ce n'est pas seulement un marché commun dans lequel nous faisons des échanges, mais un espace politique dans lequel nous vivons en citoyens.

Cela ne changera pas.

Je crois en l'Europe comme projet politique. Je crois en sa dimension sociale, forte et humaine. Jamais je n'accepterais qu'elle ne soit qu'une économie de marché.

Dire que c'est là qu'est la question, c'est fuir le vrai débat et se réfugier dans la zone rassurante de ce que nous nous sommes toujours dit dans les moments difficiles.

Il n'y a pas de division entre l'Europe économique et l'Europe sociale. L'Europe politique et l'Europe économique ne vivent pas dans des mondes séparés.

La finalité de l'Europe sociale et de l'Europe économique, c'est de se soutenir l'une l'autre.

La finalité de l'Europe politique, c'est de faire fonctionner des institutions démocratiques efficaces, qui conduisent des politiques dans ces deux sphères et dans tous les domaines où nous voulons coopérer dans notre intérêt mutuel. Mais c'est aussi de savoir définir les politiques qui conviennent au monde d'aujourd'hui.

Les dirigeants européens l'ont fait pendant 50 ans. Nous parlons de crise, mais parlons plutôt de réussite. Quand la guerre a pris fin, l'Europe était en ruines. Aujourd'hui, l'Union est un monument de réussite politique. Près de 50 ans de paix, de prospérité et de progrès ! Pensez-y et soyez reconnaissants !

L'histoire va dans le sens de l'Union européenne. Partout dans le monde, les pays se regroupent parce que l'union fait la force. Jusqu'à la seconde moitié du 20e siècle, les nations européennes avaient dominé le monde, en avaient colonisé de vastes parties, et s'étaient battues pour y affirmer leur suprématie.

Après le carnage de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants politiques ont eu la clairvoyance de comprendre que ces temps étaient révolus. Le monde tel qu'il est aujourd'hui n'enlève rien à leur vision de l'avenir. Il prouve leur sens de l'anticipation. Les États-Unis sont la seule superpuissance du monde. Mais dans quelques dizaines d'années, ce sont les économies de la Chine et de l'Inde qui seront au premier rang, et leur population sera le triple de celle de l'Union européenne. Le dessein d'une Europe unie dans la collaboration est essentiel pour que nos nations soient assez fortes pour tenir leur place dans le monde.

Près de 50 ans ont passé et il faut nous renouveler. Il n'y pas à en avoir honte. Toutes les institutions le doivent et nous avons les moyens de le faire. Mais seulement si nous remarions les idéaux européens auxquels nous croyons au monde moderne dans lequel nous vivons.

Face à cette vaste remise en question, si elles tombent dans l'euro-scepticisme et décident de se replier sur elles-mêmes dans l'espoir d'échapper à la mondialisation, de ne pas avoir à faire face au changement qui les cerne, et de se réfugier dans les politiques déjà en vigueur - comme si le simple fait de les répéter les rendait plus pertinentes - alors elles vont droit à l'échec. Un échec de grande envergure, d'ampleur stratégique. Ce n'est pas le moment d'accuser de trahison ceux qui veulent que l'Europe change. C'est celui de reconnaître qu'elle ne recouvrera sa force, son utilité, son idéalisme et donc l'adhésion de ses citoyens que si elle change.

Comme toujours, les hommes politiques ont du retard sur les peuples. Eux pensent toujours que leurs concitoyens, loin de l'obsession quotidienne de la politique, peuvent ne pas en comprendre, ne pas en voir toutes les subtilités et les complexités. Mais en fin de compte, ils voient toujours les choses plus clairement que nous. Justement parce qu'ils n'en sont pas obsédés au quotidien.

La question n'est pas le principe de l'Union européenne. C'est sa modernisation, ses orientations. Le débat n'est pas de savoir comment l'abandonner, mais comment lui faire faire ce pour quoi elle a été fondée : rendre la vie meilleure aux citoyens. Aujourd'hui ils ne sont pas convaincus. Réfléchissez !

Pendant quatre ans, dont deux au sein de la Convention, l'Europe a mené des débats sur son projet de Constitution. Ce texte détaillé et minutieux fixait les règles destinées à régir une Europe de 25, et à terme de 27, 28 États membres et davantage. Il a été approuvé par tous les gouvernements, soutenu par tous leurs dirigeants, avant d'être massivement rejeté par référendum dans deux pays fondateurs - dans le cas des Pays-Bas, par plus de 60 % des votants. La réalité, c'est que si l'on organisait aujourd'hui des référendums dans la plupart des États membres, le « oui » aurait du mal à l'emporter.

Il y a deux explications possibles. La première, c'est que les électeurs ont étudié précisément les articles du traité constitutionnel et qu'ils les ont désapprouvés. Je doute que ce soit là la raison du « non ». Ce n'était pas un problème de mauvaise rédaction ou de désaccord sur des points précis du texte.

L'autre explication, c'est que la Constitution a été le moyen d'expression d'un mécontentement plus général et plus profond de l'opinion vis-à-vis de la conduite des affaires de l'Europe. Je crois que là est la bonne analyse.

Si c'est le cas, il ne s'agit pas d'une crise des institutions, mais d'une crise politique. Les citoyens de l'Europe nous posent des questions difficiles. Ils s'inquiètent de la mondialisation, de la sécurité de l'emploi, des retraites et du niveau de vie. Ils ne voient pas seulement l'économie changer autour d'eux, mais aussi la société. Les communautés traditionnelles sont éclatées, les milieux issus de l'immigration changent, et la vie familiale est mise à rude épreuve dans la quête acharnée d'un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Nous vivons à une époque de réformes et de mutations profondes. Regardez nos enfants, les technologies qu'ils utilisent et le marché du travail qui les attend. Le monde est devenu méconnaissable, comparé au temps de nos études, il y a 20 ou 30 ans. Quand de tels changements se produisent, c'est aux hommes politiques modérés de montrer la voie. Sinon, ce sont les extrêmes qui influenceront le processus de décision. Cela se passe ainsi dans une nation. C'est ce qui est en train de se produire en Europe aujourd'hui.

Réfléchissons un peu. La Déclaration de Laeken, qui a ouvert la voie à l'élaboration d'une Constitution, était destinée à « rapprocher l'Europe du peuple ». L'a-t-elle fait ? Le plan d'action de Lisbonne a été lancé en l'an 2000 avec l'ambition de faire de l'Europe « l'économie la plus compétitive au monde à l'horizon 2010 ». Nous sommes à mi-chemin de cette échéance. Y sommes-nous arrivés ?

Conseil européen après Conseil européen, nous nous sommes prononcés sur les moyens à mettre en ouvre pour « remettre l'Europe en phase avec le peuple ». Qu'avons-nous fait ?

Il est temps de revenir sur terre, de se réveiller. Le peuple fait du tapage sous nos fenêtres. Y prêtons-nous l'oreille ? Avons-nous la volonté politique de sortir et d'aller à sa rencontre, afin qu'il voie dans notre autorité une partie de la solution, et non le problème ?

Voilà le contexte dans lequel il faut situer le débat sur le budget. On entend dire que nous avons besoin du budget pour restaurer la crédibilité de l'Europe. Certes. A condition qu'il soit bon. Il ne faut pas l'isoler du débat sur la crise. Au contraire, il doit faire partie de notre réaction à la crise.

Je voudrais dire un mot du sommet de vendredi dernier. On a laissé entendre que je n'étais pas disposé à accepter un compromis sur le rabais consenti à la Grande-Bretagne ; que je n'avais soulevé la question de la réforme de la PAC qu'à la dernière minute ; que je comptais la renégocier le vendredi soir. Or je suis le seul dirigeant britannique à avoir jamais dit que je remettrais le rabais sur le tapis. Je n'ai jamais dit qu'il fallait mettre fin à la PAC maintenant, ni qu'il fallait la renégocier toutes affaires cessantes. Ce serait absurde. Toute réforme doit tenir compte des besoins des communautés rurales et prendre son temps. J'ai simplement dit deux choses : que nous ne pouvions pas convenir d'une perspective financière qui ne prévoie pas au minimum un processus débouchant sur un budget plus rationnel ; et que ce processus devait permettre au budget d'influer sur la deuxième moitié de cette perspective, à l'horizon de 2013. Sinon nous nous retrouverons en 2014 sans qu'aucun changement de fond n'ait été décidé, et encore moins appliqué. D'ici là, bien entendu, la Grande-Bretagne assumera sa juste part de l'élargissement. Je signale que, quel que soit le mode de calcul, nous resterons le deuxième contributeur net de l'Union, et que nous aurons payé à ce titre des milliards d'euros de plus que d'autres pays de taille similaire.

Voilà donc le contexte. Alors, quelles pourraient être ces nouvelles lignes d'action pour l'Europe ?

Premièrement, moderniser son modèle social. Certains ont prétendu que je voulais abandonner le modèle européen. Mais dites-moi : que vaut ce modèle social qui a 20 millions de chômeurs et des taux de productivité inférieurs à ceux des États-Unis, qui forme moins de diplômés dans les matières scientifiques que l'Inde, et où - quel que soit l'indice retenu pour une économie moderne - les qualifications, la recherche et le développement, les brevets, les technologies de l'information, loin de progresser, reculent. L'Inde va multiplier par cinq son secteur des biotechnologies dans les cinq ans qui viennent. La Chine vient de tripler en cinq ans son budget recherche et développement.

Aujourd'hui, l'Europe ne compte que deux des 20 premières universités du monde.

La raison d'être de notre modèle social devrait être d'optimiser notre aptitude à soutenir la concurrence, et d'aider nos concitoyens à se faire à la mondialisation, à en saisir les chances et à en éviter les dangers. Nous avons besoin d'une Europe sociale, c'est certain. A condition qu'elle donne les résultats escomptés.

On nous a dit comment faire. Le rapport Kok, en 2004, nous a montré la voie : investir dans le savoir, la qualification professionnelle, les politiques actives en matière de marché du travail, les pôles scientifiques et l'innovation, l'enseignement supérieur, la revitalisation des quartiers et l'aide aux petites entreprises. C'est une politique sociale moderne, ce que ne sont ni la réglementation ni la protection de l'emploi, qui sauveront peut-être quelques postes aujourd'hui, au détriment de beaucoup d'autres demain.

Puisque j'en suis à démolir les caricatures, en voici une autre : l'idée que la Grande-Bretagne serait le porte-drapeau d'une conception anglo-saxonne extrémiste de l'économie de marché, où l'on écraserait les pauvres et les défavorisés. Le gouvernement actuel a adopté son « New Deal » en faveur des chômeurs, le plus grand programme européen de création d'emplois grâce auquel le chômage de longue durée des jeunes a pratiquement disparu. En cinq ans, il a augmenté les investissements dans les services publics plus que tout autre pays européen. Il le fallait, certes, mais nous l'avons fait. Nous avons mis en place, pour la première fois en Grande-Bretagne, le salaire minimum. Nous avons régénéré nos villes. Nous avons sorti près d'un million d'enfants de la pauvreté et amélioré les conditions de vie de deux millions de retraités. Nous avons engagé une réforme profonde, sans précédent dans notre histoire, de l'aide à l'enfance, de la maternité et de la paternité. C'est grâce à la bonne santé de notre économie, non à son détriment, que nous l'avons fait.

Deuxièmement, concevoir un budget qui reflète ces réalités.
Là c'est le rapport Sapir qui nous montre la voie. Publié par la Commission européenne en 2003, il définit clairement ce qu'un budget moderne doit intégrer. Mettons-le en pratique. Mais un budget moderne n'est pas un budget qui, pour les dix ans à venir, va continuer à consacrer 40 % de ses dépenses à la PAC.

Troisièmement, respecter l'agenda de Lisbonne. Sur l'emploi, la participation au marché du travail, les jeunes en fin de scolarité ou l'acquisition de connaissances tout au long de la vie, nos progrès sont sans commune mesure avec les objectifs précis que nous nous sommes fixé à Lisbonne. Ce plan d'action nous disait ce qu'il fallait faire. Faisons-le.

Quatrièmement - et ici j'avance prudemment - donner à l'Europe un cadre macro-économique à la fois soumis à une discipliné et flexible. Ce n'est pas à moi de faire des commentaires sur l'eurozone. Je dis seulement ceci : si nous faisons de vrais progrès sur la réforme économique, si nous nous montrons vraiment sérieux sur le changement structurel, alors la réforme macro-économique passera dans l'opinion pour être rationnelle et raisonnable, et le produit non pas du laisser-aller budgétaire mais du bon sens. Il est urgent de la mettre en ouvre si nous voulons faire avancer l'Europe.

Après les enjeux économiques et sociaux, il nous faut affronter d'autres sujets de société - le crime, la sécurité, l'immigration.

La criminalité organisée, qui se joue plus que jamais des frontières, coûte au Royaume-Uni 20 milliards de livres par an, au bas mot.

Les mouvements migratoires ont été multipliés par deux ces vingt dernières années. Ils sont dans l'ensemble sains et bienvenus, mais demandent à être gérés. L'immigration clandestine est un problème auquel se heurtent toutes nos nations et une tragédie pour des milliers de personnes. On estime que 70 % des clandestins passent par la filière de bandes criminelles organisées. Ces personnes font l'objet de trafics répugnants, passant d'une région à l'autre pour être seulement plus exploitées à leur arrivée. De 600 000 à 800 000 personnes par an sont victimes de cette traite. 100 000 femmes en font l'objet chaque année dans l'Union européenne.

Encore une fois, les politiques européennes en matière de justice et d'affaires intérieures - notamment le plan de lutte contre le terrorisme de l'Union européenne - ont un potentiel énorme d'amélioration de la répression, de lutte contre la radicalisation de certains groupuscules et contre le recrutement de futurs terroristes, et de mise en commun de l'information, du renseignement et de l'action contre le crime organisé. Il s'agit de frapper fort les trafiquants de drogue, en s'en prenant à leurs comptes en banque, en les harcelant dans leurs activités, en arrêtant les caïds, et en les traduisant en justice. Il convient aussi d'obtenir de pays voisins et de pays tiers des accords de réadmission des déboutés du droit d'asile et des immigrés clandestins. Il faut enfin développer les technologies biométriques pour rendre plus sûres les frontières extérieures de l'Europe.

Venons-en maintenant au vaste domaine de la politique étrangère et de sécurité commune. Nous devons nous entendre sur des mesures concrètes de nature à faire monter en puissance la capacité de défense de l'Europe. Nous devons accepter de nous investir davantage dans les missions de maintien et de rétablissement de la paix, et nous doter des capacités militaires nécessaires pour pouvoir intervenir rapidement et de manière efficace pour résoudre un conflit, dans le cadre de l'Otan ou indépendamment, quand l'Alliance n'entend pas s'engager. Regardons les effectifs des armées européennes et les dépenses que nous consacrons au budget militaire : sont-ils vraiment à la mesure des enjeux d'aujourd'hui ?

Jamais nous ne mènerons de politique étrangère digne de ce nom sans véritable politique de défense. Mais même en l'absence d'un effort sur ce front, nous pouvons donner plus de poids à l'Europe sur les affaires du monde. Quand l'Union européenne s'est entendue récemment pour multiplier par deux son aide à l'Afrique, ce fut non seulement un pas en avant pour l'aide à ce continent tourmenté, mais aussi le gage d'un resserrement de la coopération européenne. Nous sommes les champions de l'aide au développement et nous en sommes fiers. Nous devons tout faire pour parvenir à un accord commercial multilatéral qui favorisera les échanges de tous les pays, en particulier les plus pauvres. Nous devons monter au créneau du changement climatique et élaborer des politiques européennes propres à venir à bout du problème. Grâce à Xavier Solana, l'Europe a commencé à faire entendre sa voix dans le processus de paix au Proche-Orient. J'ai un mot à dire, facile à comprendre : le jour où l'Europe sera forte, elle sera un acteur majeur sur la scène internationale, naturellement en partenariat avec les États-Unis, mais elle sera aussi apte à démontrer qu'elle peut faire avancer les choses et peser sur les affaires du monde.

Une Europe de cette nature, une fois son économie modernisée et sa sécurité renforcée, par des actions mises en ouvre tant dans le cadre de ses frontières qu'à l'extérieur, aura regagné confiance en elle. Cette confiance nouvelle lui permettra d'aborder l'élargissement non pas comme une menace - comme si entre les États membres d'origine et les nouveaux venus c'était les vases communicants - mais comme une chance historique extraordinaire de bâtir une union plus puissante et plus étendue. Ne nous faisons pas d'illusions : ce n'est pas en nous refusant à l'élargissement, ni en en éludant les conséquences naturelles, que nous sauverons nos emplois, maintiendrons notre activité ou éviterons les délocalisations. Cela marchera peut-être un temps, mais pas longtemps. Dans l'intervalle, l'Europe se sera recroquevillée, repliée sur elle-même dans un nombrilisme introspectif, qui fera que les acteurs politiques qui obtiendront l'adhésion de l'opinion ne seront pas ceux qui auront porté le rêve européen, mais les nationalistes d'un autre âge et les xénophobes. Je vous le dis en toute franchise : on ne peut être à la fois pour l'ouverture de l'Europe à de nouveaux États membres et contre l'ouverture de son économie.

Si nous faisons prendre à l'Europe ce nouveau tournant et si, avec l'aide d'une Commission prête à renoncer à des réglementations superflues, à se défaire de la paperasserie, et à se faire le champion d'une Europe ouverte sur le monde et résolue à soutenir la concurrence - comme en est parfaitement capable la Commission de José Manuel Barroso - alors nous n'aurons pas de mal à faire de nouveau de l'Europe, aux yeux de nos concitoyens, un rêve et un idéal.

Lors de notre présidence, nous nous attacherons à parvenir à un accord sur le budget ; à résoudre les dossiers les plus épineux, comme la directive sur les services et la directive sur le temps de travail ; à honorer les obligations de l'Union vis-à-vis de pays comme la Turquie et la Croatie qui aspirent à en faire partie ; et à conduire un débat sur l'avenir dans un souci d'ouverture et d'intégration, en faisant valoir nos vues fermement mais en nous montrant attentifs aussi à celles des autres.

Je n'ai maintenant qu'une chose à dire : n'allons pas nous imaginer que ce débat n'a pas lieu d'être et que si nous nous contentons d'expédier les affaires courantes, nos concitoyens reviendront un jour ou l'autre à l'Europe, telle qu'elle est et non pas telle qu'ils la souhaiteraient. J'ai constaté, depuis que je suis Premier ministre, que le problème n'est pas de décider, mais de s'aviser du moment où une décision s'impose. Entre gérer les défis courants que nous rencontrons en chemin et nous colleter aux vrais problèmes, il y a un monde. Pour l'Europe, l'heure a sonné.

Les Européens nous parlent. Ils posent des questions. Ils veulent que nous leur montrions la route. Il est temps que nous le fassions.

 

 

 
 
 
© Copyright 2005 - WebArticulista.net - Todos los Derechos Reservados.